rogaton

Français

Étymologie

Du latin rogātum demande »), qui au Moyen Âge se prononçait « rogaton », supin du verbe rogāre demander »). Le sens du mot évolua de « demande » à « ce qui était demandé, ramassé, en retour des indulgences distribuées » et finalement à « chose de peu de valeur ».

Nom commun

SingulierPluriel
rogaton rogatons
\ʁɔ.ɡa.tɔ̃\

rogaton \ʁɔ.ɡa.tɔ̃\ masculin

  1. Menu débris de nourriture ; reste de viande.
    • Et puis un fait notoire : dans un quartier besogneux, les enfants sont plus privés de soupe que de confiserie. Parfaitement : il est de mode, par exemple, de faire déjeuner un mioche avec un rogaton douteux, une bribe insuffisante, mais de lui donner deux sous pour acheter des bonbons.  (Léon Frapié, La maternelle, Librairie Universelle, 1908)
    • — Sans doute, répliqua l’évêque, s’il était resté encore dans ton bissac quelques rogatons, nous les eussions pris avec plaisir, car il convient que ceux qui gouvernent l’Église se nourrissent du rebut des pauvres.  (Anatole France, Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue et autres contes merveilleux, 1909)
    • Malgré sa complexion délicate, elle […] se nourrit de rogatons recrachés sur les assiettes, boit, pour se désaltérer, l’eau des vaisselles, a si froid, un hiver, que ses jambes gèlent.  (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
    • Il fourgonna longtemps dans coins et, pour finir, nous étala triomphalement sous le nez quelques rogatons sans formes ni couleurs. Comme nous étions curieux de savoir à quoi cela pouvait être bon, il nous répondit qu’il comptait bien en faire de la soupe.  (Samivel, L’amateur d’abîmes, 1940, réédition Le Livre de Poche, page 120)
  2. Plat composé de choses qui ont déjà été servies.
    • Il ne nous a donné à dîner que des rogatons.
  3. (Par extension) (Littérature) Petit ouvrage sans valeur, morceau qui ressemble à des rognures, à des restes.
    • Maintenant, quelle pitié ! vous n’y voyez plus que les ineptes rogatons de cette littérature moderne qui ne sera jamais de la littérature ancienne, et dont la vie s’évapore en vingt-quatre heures, comme celle des mouches du fleuve Hypanis : littérature bien digne en effet de l’encre de charbon et du papier de bouillie que lui livrent à regret quelques typographes honteux, presque aussi sots que leurs livres !  (Charles Nodier, Le Bibliomane, 1868)
    • D’année en année, il perdit de vue les principales branches de son exploitation, pour consacrer une mesquine attention aux plumes et aux rogatons, qu’il collectionnait dans sa chambre.  (Nicolas Gogol, Les âmes mortes, 1842 ; traduction de Henri Mongault, 1949)
  4. (Sens figuré) (Par analogie) Bribe.
    • Jamais il n’aura la force morale, jamais même il n’aura l’habileté instinctive, ni la fierté, de refuser les rogatons d’autorité qu’on lui jette.  (Stefan Zweig, Joseph Fouché, Grasset, 1969, page 224)
    • À première vue, ce féminin est semblable aux autres. Comme dans Elle, on y trouve des rogatons d’information pour saturer l’esprit d’inepties. Des aveux creux utiles aux « personnalités » pour gagner en visibilité.  (« Darwin », « J’ai envie de tuer… Madame Figaro », Fakir no 83, page 28, décembre 2017 – janvier 2018)

Synonymes

Notes

Ce mot est employé presque uniquement au pluriel.

Traductions

Vocabulaire apparenté par le sens

Prononciation

Anagrammes

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Références

  • Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (rogaton), mais l’article a pu être modifié depuis.

Moyen français

Étymologie

Du latin rogatum. Dans son dictionnaire français-latin de 1549, Robert Estienne donne cette définition du « porteur de rogatons » : porteur de lettres de remission, ou pardon et Huguet note la même chose : porteur de reliques, de requêtes et d'indulgences, mais Claude de Sainliens, auteur protestant, rajouta plus tard la valeur péjorative d'être intéressé par l'argent : to get money.[1] Ils furent traités d'imposteurs et condamnés par plusieurs conciles.

Nom commun

rogaton *\Prononciation ?\ masculin

  1. (Littérature) Petit ouvrage en vers, sans valeur, morceau qui ressemble à des rognures, à des restes.
    • Un porteur de rogatons, celui qui porte des vers, des sonnets, des placets à de grands seigneurs pour tâcher de tirer d'eux quelque présent.
  2. (Religion) Reliques, employé dans l'expression « porteur de rogatons » : quêteur, imposteur, porteur de rogatons, de reliques et de bulles.
    • Appelez porteurs de rogatons, pour ce qu'ils ne vivent que des aumones des gens de bien et de grammercis  (Henri Estienne)
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)
    • Un porteur de rogatons fait baiser un tison ou charbon au lieu de ses reliques qu'il auoit engagee  (Henri Estienne, L' introduction au traité de la conformité des merveilles )
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)

Références

  1. Historical Linguistics , 1987, p. 268.

Ancien français

Étymologie

Du latin rogatum.

Nom commun

rogaton \Prononciation ?\ masculin

  1. Assignation en cours ecclésiastique.
    • Exemple d’utilisation manquant. (Ajouter)

Synonymes

Apparentés étymologiques

Dérivés dans d’autres langues

Références

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